Jusqu’à la fin du 15e siècle, le territoire présente des caractères éminemment ruraux : l’agriculture et l’exploitation du bois sont les seules activités pratiquées par les habitants du territoire. Lieu de cueillette et pépinière des bois de construction et de chauffage, la forêt constitue le pilier de l’économie locale et couvre les besoins d’une population agricole.
A partir du 16e siècle, le bois alimente l’industrie minière, qui en consomme en grandes quantités, pour la fabrication du charbon de bois employé dans les fonderies, ou pour l’étayage des galeries. La toponymie locale atteste cette déforestation massive. Le toponyme Rauenthal provient de « Rauchen Thal » (le vallon fumant), en raison des fonderies en activité. Les lieux dits Bluttenberg (la montagne des fleurs) ou encore Faunoux (déformation de Fond Nu) évoquent également la disparition des forêts.
Le défrichage des forêts augmente la surface des terrains exploitables par les agriculteurs. Progressivement, des marcaires s’installent dans ces granges qui deviennent des fermes de montagne. Vers 1585, on dénombre 14 granges sur le ban de Sainte-Croix-aux-Mines : elles sont toutes installées sur les hauteurs de la commune.
L’arrivée des anabaptistes suisses et la naissance du mouvement Amish à Sainte-Marie-aux-Mines en 1693 accélèrent le développement de l’agriculture de montagne. Conformément à leur doctrine religieuse, les Amish vivent à l’écart de la société civile et s’installent sur les hauteurs où ils créent des laiteries. Le nettoyage systématique des terrains, la fumure intense, l’irrigation des prés, l’utilisation de la faux, ou encore le soin apporté à l’alimentation des cheptels leur donnent des résultats d’exploitation supérieurs à ceux de la population locale. Mais en 1712, Louis XIV ordonne l’expulsion des anabaptistes et des Amish. Leurs fermes, vendues ou abandonnées, sont réoccupées ensuite par des agriculteurs patoisants (ou « welches »). A Sainte-Marie-aux-Mines, le fond de la Petite Lièpvre accueille des paysans venus de la vallée voisine du Bonhomme, tandis que s’installent à Sainte-Croix-aux-Mines des habitants d’Orbey, des Lorrains et des Francs-Comtois.
Après la Révolution, les prairies communales disparaissent au profit des exploitations privées. Il y a des fermes pratiquement sur toutes les hauteurs et dans tous les vallons. La plupart des exploitations sont petites et limitées à 5 ou 6 hectares. Le type d’agriculture est l’héritage du savoir-faire anabaptiste : c’est celui des fermes d’altitude moyenne. On y pratique la culture de la pomme de terre, des céréales, des vignes et l’élevage du bétail. Le marcaire et sa famille résident en permanence à la ferme où ils vivent pratiquement en économie fermée.
Durant la période de l’Annexion (1871-1918), les fermes de montagne s’ouvrent davantage vers le reste de la population. Avec l’essor du romantisme, qui se veut nostalgique du passé et amoureux de la nature, et la création du Club Vosgien en 1871, les promenades dominicales dans le massif vosgien connaissant un formidable essor. La plupart des fermes situées le long des crêtes deviennent des « fermes-restaurants », où les populations des deux versants continuent à se rencontrer au mépris de l’établissement de la frontière politique. Depuis 1945, le secteur agricole poursuit sa mutation. Ces transformations se caractérisent par une diminution générale du nombre d’exploitations, et par le développement de nouvelles activités. Sur les 427 exploitations recensées en 1955, il en subsiste 71 en l’an 2000.